Citrinitas, oeuvre au jaune
Scénariste : Alejandro Jodorowsky
Dessinateur : Jérémy
Coloriste : Felideus
Editeur: Glenat
Le résumé selon l’éditeur, en quelques lignes…
1888. Au refuge des Chevaliers d’Héliopolis, Asiamar, âgé de cent-dix ans, se prépare à accomplir le dernier rituel de son initiation : Citrinitas, l’œuvre au jaune, qui lui permettra de retrouver sa jeunesse et de vivre mille ans.
Il est désormais temps pour lui de connaître également le secret des Chevaliers gardé par leur maître. Car celui-ci a besoin de la puissance de tous ses disciples pour sauver l’humanité.
Un mutant tueur de femmes qui sévit dans les nuits embrumées de Londres, la capitale du monde moderne : Jack l’Éventreur !
Ce qu’on en a pensé…
Après donc Nigredo, Albedo et Rubedo, voici l’ultime rituel d’initiation pour un alchimiste : Citrinitas.
Certes, on savait dès le départ que le public-cible de cette série n’était pas n’importe qui, Jodorowsky mélangeant allègrement les thématiques : on passe ainsi de la cour du Roi de France à l’Alchimie, le tout saupoudré dans ce tome d’une belle dose de Jack l’éventreur… et de SF !
Soit ; avec Jodorowsky, on est habitué à ce type de mélanges distordant complètement la réalité pour en expurger une toute autre, purement fictionnelle.
Pour autant avec lui, on peut s’attendre à un final soit absolument génial, soit qui nous dépasse totalement… Et c’est malheureusement le cas avec cette série….
Je reconnais qu’il fait partie des plus grands scénaristes : L’Incal ou la Caste des Méta-Barons font partie de ces séries qui ont marqué des générations de lecteurs. Pour autant, trop souvent il fait intervenir une entité supra-naturelle ou une foi mystique pour clore ses histoires, rendant totalement caduque toute sa construction…
Une série en exemple : Les Technos-pères ! J’ai adoré tous les tomes… jusqu’à la lecture du dernier qui m’a profondément dégouté… Pardon pour l’emploi de ce terme fort, mais cette série fait partie de celles que je n’ouvrirai sans doute plus jamais, à cause justement de cette entourloupe finale en totale opposition avec le reste de l’écrit.
Vous l’aurez compris donc : je regrette profondément le temps où Alejandro Jodorowsky nous sortait des œuvres inspirées et audacieuses…. Ce ne sera donc définitivement pas le cas de celle-ci non plus. Son final « 100% Science Fictionesque » m’a fait tomber le livre des mains, au sens premier de l’expression. L
Par contre, le travail du dessinateur est lui de très haute voltige ! Un dessin réaliste, net et précis, un souci dans le détail de chaque planche, de chaque case.
Une construction graphique certes classique mais très efficace, rendant notre lecture totalement fluide. On le sait, Jérémy a été à bonne école (il fut guidé par Delaby), mais l’auteur a su sortir de ce style et trouver le sien. Si vous ne le connaissez pas encore, on vous invite en balade sur sa très chouette série pirate « Barracuda » (chez Dargaud, avec Jean Dufaux au scénario)
Bravo réellement : à mes yeux, c’est bien son travail qui sauve cette série !
Pour en savoir (encore) plus…
Si vous avez envie de voir Jérémy en action, on vous encourage à suivre sa MasterClass sur la colorisation à l’aquarelle de la fresque réalisée pour le coffret regroupant les 4 tomes de cette série en suivant sur la cover ci-dessous.
Milan Morales